Je voudrais commencer par vous adresser mes plus chaleureuses félicitations pour avoir surmonté sans jamais perdre espoir une année 2022 bien difficile. On pourra dire qu’elle a été assez rock-and-roll à plusieurs niveaux. Je souhaite donc à tous et toutes que les prochaines années ne soient que plus belles ! Bonne année 2023 !
J’avais le goût de revenir sur la dernière année pour parler d’un sujet dont on parle de plus en plus : l’âgisme. Nous sommes en pleine Décennie des Nations Unies sur le bien vieillir qui nous incite à combattre l’âgisme qui est souvent la cause des mauvais traitements envers les personnes aînées, de l’isolement et de la solitude pour plusieurs et des milieux de vie qui ne répondent pas à nos besoins ou nos intérêts.
Au cours de l’année, nos collègues de la Fédération des aînées et aînés francophones du Canada (FAAFC) ont mis sur pied un Groupe de travail qui a créé une trousse d’éducation populaire et de conscientisation sur l’âgisme. On y apprend plusieurs « vérités ». Saviez-vous qu’après le genre et l’origine ethnique, l’âge est l’une des premières choses qu’on remarque chez les autres. « Comme les autres discriminations, celle basée sur l’âge catégorise et divise les individus de notre société. Cette forme d’exclusion et de stigmatisation porte préjudice et crée des injustices. Ce phénomène socialement toléré réduit grandement la solidarité entre les générations ». (1)
Dans un autre article lu récemment, on a défini l’âgisme comme étant toutes les formes de discrimination, de ségrégation et de mépris fondées sur l’âge. Plus concrètement, l’âgisme se manifeste dans la façon dont nous tenons compte de l’âge dans nos idées, notre ressenti et nos actes envers les autres et envers nous-mêmes, que nous en soyons conscients ou non. Malgré son importance, elle demeure une forme de discrimination tolérée et parfois invisible à nos yeux dans le quotidien (2).
Malgré une plus grande prise de conscience de l’âgisme ces dernières années, sa prévalence reste profondément ancrée dans les stéréotypes, les comportements et les politiques gouvernementales. Un rapport réalisé par l’Organisation mondiale de la santé (3) montre que l’âgisme, « peut changer la façon dont nous nous percevons, peut opposer une génération à une autre, peut dévaluer ou limiter notre capacité à bénéficier de ce que les générations plus âgées peuvent apporter, et peut réduire les possibilités de la santé, la longévité et le bien-être tout en ayant des conséquences économiques considérables. »
Il existe trois types d’âgisme qui ont un impact sur notre vieillissement et sur les soins aux personnes âgées. L’âgisme institutionnel, comme le racisme systémique, affecte les personnes âgées de nombreuses manières directes et subtiles. Le type d’âgisme institutionnel le plus oppressant implique l’institutionnalisation généralisée des personnes adultes âgées dans des foyers de soins. Des recherches récentes ont documenté l’âgisme explicite dans les soins de santé en général. Par exemple, des fournisseurs de soins passent souvent moins de temps avec les personnes aînées qu’avec les autres groupes d’âge et communiquent souvent avec des attitudes condescendantes.
L’âgisme interpersonnel se produit entre deux ou plusieurs individus, généralement pratiqué inconsciemment, souvent avec un langage inapproprié ou des micro-agressions. Parler de façon condescendante à la personne âgée est assez courant, en particulier dans les foyers de soins, où les personnes atteintes de démence sont souvent traitées de façon infantilisante. C’est aussi renforcé par les médias et les émissions de télévision dont les stéréotypes dépeignent souvent les personnes âgées comme faibles, oublieuses et lentes. Ça se manifeste aussi par des campagnes publicitaires de plusieurs millions de dollars qui rapportent de l’argent sur des produits, des services et des chirurgies anti-âge conçus pour nous garder « jeunes pour toujours ».
Enfin, l’âgisme autodirigé se manifeste lorsque les individus ne croient pas en leur propre valeur en tant que personnes aînées et intériorisent l’autocritique en raison de leur âge. Cette forme d’âgisme est courante dans notre culture, en particulier dans les familles et les communautés qui ne valorisent pas les dons et les contributions des personnes âgées. Nous le voyons souvent dans la façon dont de nombreuses personnes aînées se réfèrent à eux-mêmes de manière négative.
Au début de cette nouvelle année, mon souhait le plus cher pour la FARFO est de travailler à faire adopter une Politique sur le vieillissement fondée sur le « cours normal de la vie » et qui soutiendra des initiatives pour maintenir les gens à domicile le plus longtemps possible, appuyer des activités pour garder les gens actifs et engagés et offrir des alternatives d’hébergement valables et abordables (4).
Heureusement, la FARFO n’est pas seule. De nombreux groupes travaillent à combattre l’âgisme. Ça va prendre une transformation culturelle, politique et personnelle. Cela se produira lorsqu’un grand pourcentage de personnes adopteront une vision positive du vieillissement. Ce sera tout un défi de créer une nouvelle histoire. Comme l’écrivait John Meynard Keynes au début du XXe siècle, « la difficulté ne consiste pas tant à générer de nouvelles idées qu’à échapper aux anciennes ». En citant le titre de ce blogue, nous avons 12 mois et 365 jours devant nous pour continuer à changer le monde autour de nous.
Si vous voulez me faire part de vos commentaires, n’hésitez pas à me contacter à dg@farfo.ca ou 613-293-6291.
- Pour des communautés inclusives des âges — Vivons sans ZonÂge — FAAFC
- Ageism and Its Impact – Seniors for Social Action (Ontario) – Décembre 2022
- Global Report on Ageism (2021) — Organisation mondiale de la santé
- Livre blanc sur le vieillissement en Ontario — AFO et FARFO — 2019
*Article qui a paru dans le magazine Vivre+ du mois de janvier 2023. Le magazine est disponible sur le site de la FARFO.